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Prévenir avant de partir à l’aventure
Mieux vaut prévenir…
Personne ne part
faire un tour dans la verte en s’imaginant devoir faire l’objet
d’une opération de secours de grande envergure. Pourtant, il vous
suffit de taper « randonneur perdu » dans un moteur de
recherche pour vous rendre compte de la fréquence élevée de ce
genre d’événements.
L’histoire d’Aaron
Ralston est un cas d’école. Parti pour un trek dans les canyons de
l’Utah, il restera bloqué 5 jours, le bras coincé par la chute
d’un rocher sans que personne ne connaisse sa position ou ne
s’inquiète de sa disparition. Il parviendra à se libérer en
sectionnant le membre prisonnier. Son histoire a été portée au
cinéma sous le titre « 127 heures ». Depuis, il laisse
toujours un mot pour dire où il compte se rendre. Peut-être
pouvons-nous nous inspirer de cet exemple.
I – Laisser un mot
Que ce soit aller
chercher du pain au coin de la rue ou pour une balade un peu plus
exigeante, il est toujours raisonnable de prévenir nos proches de
nos déplacements. Votre chère et tendre ne s’inquiétera donc pas
de votre absence à moins que vous ne vous éternisiez avec la
boulangère. Pour une sortie nature ou randonnée, il semble logique
d’avertir une personne de confiance de votre destination et de
l’heure à laquelle vous comptez rentrer. Cette personne de
confiance n’a pas à partager votre vie 24 heures sur 24, le mot
peut très bien être envoyé par mail ou SMS. Si l’on insiste sur
le mot « personne de confiance » c’est qu’elle
doit être lucide sur vos activités et capable de déclencher les
recherches sans signe de vie de votre part. En plus de l’heure
estimée de retour à la civilisation, on pourra donner une heure
pour tirer le signal d’alarme.
Par exemple, vous
avez averti votre chère « man-man » que vous prévoyez
une randonnée autour du village de Bouc-Étourdis durant une
après-midi, vous pensez en avoir terminé pour 16 heures mais vous
la prévenez qu’il faudra vraiment s’inquiéter à partir de 18
heures. Sans nouvelles de votre part, man-man n’a plus qu’à vous
téléphoner et, sans réponse, composer le 17 ou le 112 pour alerter
les secours. Elle manquera donc le début de « Questions pour
un Champion » mais pourrait bien vous sauver la vie.
Prévenir un proche peut-être fait même à distance grâce aux SMS
et aux emails.
Inversement, si vous
vous êtes fourré dans une situation comparable à celle d’Aaron
Ralston, vous savez qu’il vous faut tenir jusque dans la soirée
pour que les secours se mettent en marche. Les recherches risquent de
prendre du temps mais elles pourront être grandement facilitées par
l’élément suivant.
II – La feuille de
route
Les points de départ
de la plupart des randonnées sont pourvus de parkings où chacun
noue solidement ses lacets, inspecte son sac à dos et avale une
gorgée d’eau avant de se mettre en route. Cela signifie que c’est
prioritairement à cet endroit que les secours débuteront leurs
recherches pour essayer de trouver votre véhicule (signe que vous
n’est vraiment pas rentré au bercail).
La feuille de route
est un simple bout de papier sur lequel vous aurez griffonné des
informations sommaires permettant de déclencher ou non une recherche
plus approfondie : Nom et prénom des participants, téléphone
mobile, itinéraire envisagé, date, heure de départ, heure de
retour estimée. Elle devra être étoffée dans le cas d’une
randonnée sur plusieurs jours avec le détail des étapes envisagées
(jour 1 – objectif – lieu de bivouac / gîte ; jour 2…).
Vous êtes incapable de noter ces informations ? C’est que
votre voyage est mal planifié et ne peut que vous conduire à des
complications ! Prévue en amont de toute sortie, elle peut
également être transmise à un proche de confiance par courriel.
Pour écrire une
bonne feuille de route, rien de plus simple, il suffit de laisser
accessible dans votre voiture un petit bloc-note et un feutre sombre
(cela permet d’écrire gros au cas où votre sauveur serait myope
comme une taupe). Le message pourra ensuite être placé derrière
une vitre en prenant en faisant un choix qui peut mener à deux
issues différentes : si pour une balade à la journée, vous
vous garez dans un lieu reculé et peu fréquenté, le mot peut-être
laissé en évidence sans soucis. Dans le cas d’un parking très
fréquenté et a fortiori touristique, gare à la fauche !
La feuille de route serait là pour rassurer la première frappe
venue qu’il a encore quelques heures devant lui pour s’occuper de
votre boîte à gant ou de votre superbe berline rutilante… Comme
toujours, le choix se fera selon vos critères d’appréciation et
le lieu que vous visitez.
III – La carte
d’informations personnelles
Voilà la
cavalerie ! Hélicos, 4x4 et tout le tralala ! Les
secouristes sont enfin arrivés mais vous voilà bien embêté avec
votre déshydratation / état de choc / épuisement / empoisonnement
/ traumatisme crânien / fracture de la mâchoire / inconscience /
coma (rayer les mentions inutiles) qui vous empêche de vous
exprimer. Comment les prévenir d’une allergie ? De votre
groupe sanguin ? Ou tout simplement de votre identité
(seront-ils sûr que c’est bien vous qu’ils recherchaient et pas
quelqu’un d’autre) ?
Ce genre
d’informations devraient, dans une société logique et
pragmatique, figurer en bonne et due forme sur notre carte vitale
n’est-ce pas ? Mais puisque ce n’est pas le cas, nous allons
devoir faire le travail nous-même. On ira donc fabriquer une carte
d’informations personnelles qui sera organisée de façon à
adopter un format carte de crédit, elle peut très bien être
dactylographiée ou tapée à l’ordinateur. Vous pouvez très bien
photocopier le modèle proposé ci-dessous et le compléter à la
main.
Un exemple de carte à compléter avec vos données personnelles.
Il est vivement
conseillé de faire plastifier cette carte afin que les informations
restent lisibles même après un petit séjour dans l’eau glacée
d’une rivière ou sous une lourde pluie insistante. Certains sac à
dos disposent d’un emplacement plastifié pour y insérer une telle
fiche, pourquoi ne pas également en glisser une dans notre
porte-feuille pour la vie de tous les jours ? En cas de gros
problème sur votre lieu de travail, dans les transports, durant vos
loisirs, vous pourrez plus efficacement être identifié et pris en
charge. Vous mettez ainsi davantage de chances de votre côté, en
particulier dans une situation chaotique comme notre pays en a
malheureusement connu très récemment.
Certains sacs à dos disposent d’un emplacement dédié aux cartes
d’information.
Toutes ces
précautions sont simples à prendre, ne demandent aucun effort si ce
n’est de gribouiller sur un papier et/ou d’envoyer un SMS. Une
situation de détresse sera psychologiquement beaucoup plus facile à
aborder en sachant que l’aide sera bientôt mise en chemin plutôt
que de se morfondre en se demandant qui pourra bien penser à votre
absence (ne comptez pas forcément sur votre employeur pour remuer
ciel et terre dès le lundi matin). Néanmoins, ces méthodes, aussi
efficaces soient-elles ne doivent être envisagées qu’en tant que
filet de sécurité. Les premiers remparts face aux complications sur
le terrain seront notre réactivité et l’adéquation du matériel
que nous avons sélectionné avec les conditions rencontrées. Et
oui, il fallait écouter man-man qui vous conseillait de prendre une
petite laine avant de sortir ! En tant que citoyens
responsables, nous nous devons d’apprécier finement le degré de
risque encouru lors de nos sorties, d’envisager les complications
possibles et bien entendu, de ne pas tenter le diable pour ne pas se
mettre « dedans » jusqu’au cou…